Les résultats de la recherche financée par la Fondation Cœur & Recherche
Les résultats de la recherche financée par la Fondation Cœur & Recherche
Quelles sont les conséquences du COVID sur le cœur ? La formation de caillots dans les artères ou les veines de patients atteints par le COVID-19 représente une des principales causes de décès. Le professeur Morel et son équipe ont cherché à comprendre les mécanismes par lesquels une infection au COVID-19 peut favoriser les thromboses et ainsi proposer une approche thérapeutique adaptée. Pour mener ce projet, il a fallu la collaboration entre cardiologie, médecine interne, réanimation chirurgicale cardiovasculaire, hémostase, biochimie et inclure 175 patients touchés par le COVID.
Les résultats publiés dans le Journal of Thrombosis and Haemostasis (Journal officiel de l'International Society of Thrombosis and Hoemostasis) révèlent la persistance d'un état inflammatoire au cours du COVID long. L'équipe du professeur Morel a pu démontrer que cette inflammation persistante était à l’origine d’un vieillissement prématuré des vaisseaux sanguins et de la formation de caillots. Cette atteinte vasculaire est susceptible d’expliquer les événements thrombotiques à la phase aigüe mais également un surrisque cardiovasculaire persistant observé chez les patients atteints de Covid long. Par ailleurs, ils ont pu détailler les mécanismes moléculaires par lesquels cette inflammation chronique observée chez les patients Covid-19 favorise la maladie vasculaire et valider l’intérêt de plusieurs médicaments pour ralentir le vieillissement des vaisseaux, comme l’empaglifozine, un médicament initialement développé pour lutter contre le diabète.
En résumé, ces données montrent la persistance d’un état inflammatoire à distance de l’épisode infectieux aigu et soulignent le rôle délétère de cet état inflammatoire dans le vieillissement vasculaire prématuré et la formation de caillots.
Ces données laissent entrevoir la possibilité de limiter par des médicaments, comme l’empaglifozine, le vieillissement des artères observé après une infection par le Covid-19.
Publication dans le Journal of Thrombosis and Haemostasis :
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1538783622027441
En 2015, la Fondation a financé le premier projet de recherche dédié aux femmes sur le thème de la dissection coronaire spontanée qui est la cause numéro 1 de la crise cardiaque chez la femme de moins de 50 ans. La dissection coronaire spontanée (SCAD) concerne des femmes dans 95% des cas, des femmes jeunes, autour de 45 ans et au mode de vie plutôt sain, parfois des jeunes mamans quelques mois après l’accouchement. Par ce projet, la Fondation marque une avancée majeure. Comme nous dit le Professeur Motreff « il y a 20 ans cette maladie n’était pas connue, maintenant elle est connue, diagnostiquée et appréhendée ». Nous sommes passés d’une mortalité assurée à un taux de mortalité de 0% grâce à une connaissance plus avisée sur le sujet. Les traitements sont désormais adaptés aux femmes et leur évitent une mort certaine. L’étude a déjà permis de dépister et de soigner 424 patientes avec un taux de mortalité nul.
La recherche avance encore en 2019 avec le soutien de Nabila Bouatia-Naji pour étudier les causes génétiques de cette maladie permettant d’obtenir de nouvelles réponses. Elle a découvert que la SCAD était due à une accumulation de petites différences génétiques qui, ensemble, conduisent à l’altération de la composition de la matrice qui entoure les cellules des artères et de sa capacité de réparation.
Publication dans Nature Genetics le 23 avril 2023 :
https://www.nature.com/articles/s41588-023-01410-1
Appréhender le fonctionnement du système cardiovasculaire dans son contexte environnemental est une thématique émergente encore peu étudiée. Le projet ENVI-MI soutenu par la Fondation Cœur & Recherche porté par les professeurs Marianne Zeller et Yves Cottin, CHU Dijon Bourgogne s'intéressent à l'impact de la pollution atmosphérique et du bruit sur le risque de récidive d'infarctus du myocarde. C'est la première étude française de cette ampleur qui étudie ces relations sur une période rétrospective de 7 ans, à partir d’une large base de population (environ 15 communes de l'agglomération dijonnaise). Elle repose sur la mise en commun d’expertises sur les aspects épidémiologiques de l'infarctus en transversalité avec une équipe de chercheurs et cliniciens de Besançon (Université de Bourgogne Franche Comté : Pr Nadine Bernard, Pr Frédéric Mauny, Sophie Pujol, et Magali Koczorowski), experte dans la cartographie modélisée des niveaux de polluants de l'air ambiant et de bruit. Aujourd'hui, on estime qu’en France, près de 50 000 décès prématurés par an en France sont liés directement à la pollution. L'objectif des recherches menées par l’équipe du RICO est de mieux comprendre les liens existant entre l'infarctus du myocarde et les facteurs de l’exposome, comme la pollution atmosphérique ou sonore avec comme objectif, à terme, d’améliorer la prévention des maladies cardio-vasculaires qui restent la 2ème cause de mortalité en France.
Les résultats de ce travail collaboratif Dijon – Besançon suggèrent, pour la première fois, une association entre l'exposition au bruit des transports et le risque de maladie cardiovasculaire, et soutiennent l'hypothèse d'une sensibilité spécifique des hommes aux effets sanitaires de la pollution sonore. D'autres études de cohorte prospectives en population sont donc nécessaires pour mieux comprendre les interactions entre le sexe et les effets cardiovasculaires du bruit environnemental, et pour adapter, si nécessaire, les messages de santé publique.
Bruit et maladies cardiovasculaires
Une analyse a révélé l'existence d'une relation entre l'exposition au bruit des transports et l'incidence des cardiopathies ischémiques. Il a été démontré que l'exposition nocturne au bruit augmente la fréquence cardiaque et la pression artérielle par l'activation du système nerveux sympathique, ce qui réduit la variabilité de la fréquence cardiaque. De plus, les associations entre le bruit du trafic routier et les maladies cardiovasculaires se sont avérées plus fortes chez les sujets dormant avec des fenêtres ouvertes. Ainsi, la gêne induite par le bruit pourrait être l'un des principaux facteurs contribuant à la relation entre l'exposition au bruit et l'hypertension.
Les résultats suggèrent que les hommes sont particulièrement sensibles au bruit environnemental, et notamment au bruit des transports. Pourtant, dans des contextes expérimentaux, les femmes ont ressenti plus de gêne que les hommes lorsqu'elles ont été exposées à toutes les fréquences de bruit de faible intensité.
Chez les 4 861 personnes âgées de 45 à 70 ans, qui avaient vécu au moins 5 ans à proximité de 6 grands aéroports européens, on a constaté une relation significative entre l'exposition quotidienne au bruit de la circulation routière et le risque d'hypertension, qui était plus forte chez les hommes.
Les études expérimentales portant sur les mécanismes sous-jacents du risque cardiovasculaire induit par le bruit chez l'animal ou l'homme sont rares. Chez les adultes en bonne santé, l'exposition nocturne au bruit des avions a été associée à une altération de la fonction endothéliale. En outre, il a été démontré que le bruit de la circulation nocturne provoque des niveaux élevés d'hormones de stress telles que le cortisol et les catécholamines, ainsi qu'une activation du tonus sympathique.
Des études animales ont également suggéré que l'exposition au bruit pendant le sommeil provoque une réponse inflammatoire et de stress oxydatif plus prononcée que l'exposition en phase d'éveil.
Il reste à déterminer si les effets extra-auditifs du bruit résultent directement de l'exposition ou de la perturbation du sommeil et des problèmes de santé mentale qui y sont liés, tels que l'anxiété et la dépression, qui sont des facteurs de risque connus des maladies cardiovasculaires.
Les gens passent 80% de leur temps à l'intérieur, or, le bruit à l’intérieur n’a pas été pris en compte par l’étude. De même, aucun questionnaire sur les habitudes de sommeil, les fenêtres ouvertes ou fermées, la localisation de la chambre à coucher était disponible. Les adresses des sujets ne contenaient que le nom et le numéro de la rue. Cela a pu limiter la précision de l'évaluation de l'exposition au bruit.
Publication dans Scientific Reports :
https://www.nature.com/articles/s41598-022-06825-0
Pour pallier l’insuffisance cardiaque la meilleure solution que nous connaissons est celle de la transplantation cardiaque. Or le nombre de cœurs disponibles est insuffisant en comparaison au nombre de patients qui ont besoin d’une greffe. Cela amène à prélever des cœurs qui présentent des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, ce qui comporte un risque supplémentaire pour les patients.
Grâce à une technologie novatrice encore peu répandue en France, les équipes du pôle de Chirurgie Cardiaque de l'Hôpital Marie Lannelongue ont réalisé des avancées significatives dans la préservation des cœurs lors des transplantations. Cette avancée offre deux avantages majeurs : elle améliore les chances de réussite de la greffe en évaluant la qualité du cœur et élargit le nombre de greffons disponibles en prolongeant la période de préservation au-delà de 4 heures.
Cette technologie se matérialise sous la forme d'une machine portable, dans laquelle le cœur est placé et perfusé avec du sang oxygéné, lui permettant de retrouver une activité cardiaque. Grâce à ce dispositif, le cœur peut être conservé pendant plusieurs heures.
Prolonger la période de préservation du cœur - jusqu'à 6, voire 8 ou 10 heures - ouvre de nouvelles perspectives pour la transplantation d'organes qui étaient auparavant inaccessibles en raison de leur éloignement géographique.
Le Dr Guihaire explique : « Récemment, cette machine nous a permis de prélever un cœur chez un donneur situé dans un hôpital normalement inaccessible pour nos équipes. Les CHU les plus proches n'avaient pas de receveur compatible. Sans cette machine, qui a préservé l'organe pendant plus de 7 heures, le cœur aurait été perdu. Aujourd'hui, le patient greffé se porte très bien ».
Cette machine de perfusion externe assure la qualité du greffon. A court terme, cela augmentera le nombre de greffons proposés à la transplantation tout en maintenant la sécurité pour la personne recevant la greffe.
Publication dans le Journal of Biomedical Optics – Avril 2023 :
https://francais.medscape.com/voirarticle/3607266?form=fpf#vp_1