Montant de la dotation Fondation Coeur & Recherche = 80 000€
L’insuffisance cardiaque est un problème de santé publique qui atteint jusqu’à 10 % de la population âgée de plus de 80 ans et qui reste associée à une mortalité importante. Il est donc important de trouver et de valider de nouveaux biomarqueurs présents dans le sang, faciles à doser, et qui aident au diagnostic et à la prédiction pronostique de la maladie. Parmi les rares biomarqueurs existants, notre équipe a montré qu’un nouveau biomarqueur, QSOX1, semblait avoir une valeur diagnostique au moins égale à celle du marqueur de référence, le BNP (peptide natriurétique de type B). Nos recherches démontrent en outre que QSOX1 est augmenté dans le cœur chez l’animal dès le début de la défaillance cardiaque aiguë.
Notre projet de recherche translationnelle, c’est-à-dire conduit à la fois chez l’animal et chez l’homme, vise : premièrement chez l’homme à établir si ce biomarqueur a aussi une valeur pronostique ; deuxièmement chez l’animal, à comprendre plus exactement le rôle de ce biomarqueur en le faisant soit surexprimer, soit disparaître dans des modèles expérimentaux d’insuffisance cardiaque.
L’insuffisance cardiaque (IC), constitue un des problèmes clé de santé publique dans le monde. Dans ce contexte, améliorer l’efficacité diagnostique de l’étiologie cardiaque d’une dyspnée aiguë est un enjeu majeur (social et économique), en particulier dans les services d’urgence. La décompensation aiguë d’un patient avec IC (ICA) est de causes multiples et son diagnostic peut être difficile. La mortalité importante des patients IC en décompensation aiguë peut être reliée à l’absence d’examen simple (biomarqueurs plasmatiques) aidant à établir la cause de leur dyspnée aiguë. Depuis peu, le dosage des peptides natriurétiques (PNs) est devenu le critère de référence pour affirmer le diagnostic d’IC et/ou d’ICA. Cependant, les limites de ce dosage comme la zone grise (100 < BNP < 400 pg/mL) restreignent la puissance de cet examen en absence d’autres biomarqueurs spécifiques de l’ICA.
Pour répondre à ce besoin, nous avons entrepris une recherche sans à priori via une stratégie de protéomique et métabolomique et nous avons identifié QSOX1 comme un biomarqueur d’intérêt. Le taux plasmatique de QSOX1 apparaît spécifique et sensible pour aider au diagnostic d’ICA. Le dosage de QSOX1 et de son activité enzymatique associé à celui des PNs pourrait considérablement améliorer le diagnostic de l’ICA. Nos recherches démontrent en outre que QSOX1 est exprimé dans le cœur à la phase précoce d’une dysfonction myocardique secondaire à une sténose de l’aorte thoracique chez le rat (modèle de TAC). Notons que QSOX1, membre de la famille des quiescin-sulfydryl oxidases, est impliqué dans la formation des ponts disulfures lors de la maturation des protéines ou peptides (tel le BNP). Ces résultats ouvrent un champ de recherche original et excitant visant d’une part à valider ce biomarqueur au plan clinique et d’autre part à déterminer si QSOX1 a une fonction spécifique au niveau cardiaque.
Cette stratégie de recherche translationnelle qui implique des explorations physiologiques, biologiques, moléculaires et statistiques nous permettra d’apporter des éléments de compréhension sur le rôle de QSOX1 dans le cœur normal et en phase d’ICA mais aussi, en traçant la voie cardiaque de QSOX1, de fonder les bases de son utilisation comme biomarqueur plasmatique de l’ICA.